Agriculture : ma réaction suite au débat avec la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs de l’Hérault

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Le 30 mai 2017 au Domaine Masillan, la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs de l’Hérault ont invité les 132 candidats aux législatives à une Journée Porte-Voix. Ils nous ont présenté leurs 13 mesures pour les 200 premiers jours. Beaucoup de leurs propositions rejoignent celles que j’ai défendues lors de la  présidentielle. J’étais représentante de Jacques Cheminade en Languedoc-Roussillon. Je ne m’attarderai donc pas sur ces propositions pour aider nos agriculteurs et plus largement les PME-TPE. Toutefois cette invitation me donne l’occasion de décrypter, par un exemple concret, ce qui relève selon moi d’une occupation culturelle par l’absence de combativité face à ce qui devrait être inacceptable.

Lors de ma courte intervention ce jour-là, j’ai tenté d’expliquer que les propositions des agriculteurs ne peuvent s’appliquer dans un système qui pense à court terme. L’enjeu est de permettre à ceux qui nous nourrissent de se nourrir eux-mêmes.

Les agriculteurs sont confrontés aux difficultés telles que les aléas climatiques, l’accumulation des normes environnementales, le volume croissant de la paperasse administrative et surtout la concurrence des vins d’Espagne.

A aucun moment ils n’ont demandé aux futurs élus de combattre le système qui les écrase. Qui nous écrase tous en réalité. Car en y regardant de plus près, derrière chacune de leurs difficultés se cache un système qui pense « profits de court terme ».

Leur raisonnement vis-à-vis de la concurrence des vins espagnols – contre laquelle les viticulteurs mènent régulièrement des opérations de sensibilisation dans nos supermarchés – me choque.

Ils nous ont expliqué que les salariés viticoles en France sont payés 15€/heure contre 10€/heure en Espagne voire 5€/heure quand ils ne sont pas déclarés. Ajoutant que les espagnols recourent moins à la main d’œuvre qu’en France puisqu’ils utilisent des produits chimiques désormais interdits en France.

En réponse à cette concurrence, la profession demande aux futurs élus de baisser les « charges » pour être plus compétitifs. Les « charges » ainsi désignées sont en réalité les cotisations sociales. Ces cotisations sont une prévoyance pour le futur donnant droit à un revenu en cas de maladie, de chômage et à la retraite. Ca fonctionne donc de la même manière que leur proposition d’assurance climatique ou de réserve de précaution face à tout type d’aléa. Chacun de nous se rend-il compte que la suppression des « charges » signifie la fin de ces revenus futurs en cas d’aléas de la vie et les retraites ? Ce raisonnement et cette perversion de langage sont encouragés par les milieux financiers qui souhaitent la destruction des Constitutions d’après-guerre (rapport du 28 mai 2013 de la banque JP Morgan) pour poursuivre leur pillage et se procurer leur dose de profits à court terme.

Compte tenu de cette course à la compétitivité vers le bas inhérente à un système qui se drogue aux profits de court terme, que demanderont-ils quand les salaires espagnols seront à 2€/heure ? De ne plus payer leurs salariés en France ? J’ai bien noté que les agriculteurs français ne souhaitent pas entrer en concurrence entre eux, pas plus qu’avec leurs confrères des pays voisins.

Si les agriculteurs veulent vivre de leur travail sans se faire concurrence, les revenus des consommateurs doivent augmenter. Or comment les réformes envisagées par le nouveau gouvernement peuvent-elles lisser les revenus vers le haut dans un système qui pousse constamment vers le bas ? Impossible. Le système libéral est par nature fortement concurrentiel et pousse chacun (travailleurs indépendants, collectivités, individus) à se livrer une concurrence prétendument libre et non faussée mais toujours vers le bas (diminution des prix et des salaires) ne laissant rien au commun des mortels pour vivre dignement.

Aussi un débat parlementaire et public devra avoir lieu pour une sortie de l’Union européenne, courroie de distribution des milieux financiers, et pour refonder l’Europe des patries et des projets à 7-8 pays avec une harmonisation de la fiscalité et du droit du travail.

Libérons-nous de l’occupation financière et de l’occupation culturelle (« Ah ! C’est impossible ! »). Cessons de nous adapter à un tel système. Changeons-le !

Oui, une période de transition économique difficile pour tous sera nécessaire vers un nouveau système qui tirera la société vers le haut. Reprendre la main sur la finance de court terme est vitale pour nos agriculteurs, nos entrepreneurs de PME-PMI-TPI, et l’avenir de nos enfants, de nos petits-enfants et des générations à naître.

Ma première proposition en tant que députée sera une loi pour une stricte séparation bancaire pour protéger l’épargne populaire (utile aux entrepreneurs) des vautours financiers qui rodent déjà autour des futurs cadavres du prochain tsunami financier dénoncé par Jacques Cheminade lors de la présidentielle 2017.

Grâce à cette loi, viticulteurs, agriculteurs (et autres entrepreneurs) accèderont à du crédit à faible taux d’intérêts pour s’équiper, pour ceux qui le souhaitent, des moyens les plus modernes pour gérer leurs exploitations. Quant à ceux en grande difficulté financière, un moratoire et une annulation de leurs dettes iniques (abus des frais bancaires etc…) leur sera proposé par branche ou au cas par cas.

J’ajoute qu’un véritable débat public sera nécessaire pour un retour à une banque nationale. L’état, via le crédit public de long terme, financera les besoins d’infrastructures face à la sécheresse ou à la nécessité de lessiver les sols de l’ouest du département (problème de salinité des nappes phréatiques).

Utopie ? Non, le député a pour rôle de protéger la population et les intérêts de la nation par la loi. Non, parce qu’une nouvelle architecture économique et monétaire mondiale est, aujourd’hui, une réalité.

En effet, l’Initiative chinoise « une Ceinture, une Route » (ICR) et la dynamique des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) s’appuient sur de nouvelles banques pour financer les corridors de développement mutuel (canaux, routes, rails, ports, aérotrains) pour faciliter la circulation des marchandises et des personnes dans le monde.

L’Etat et les collectivités français doivent apporter leur concours à chaque producteurs quelle que soit la stratégie commerciale qu’il aura choisie (circuit court ou export). Pas question que les trains et navires repartent sans produits français !

Le président Macron délégua Jean-Pierre Raffarin, qui est celui en France qui comprend le mieux cette perspective de développement mutuel, au Forum International de l’ICR les 13 et 14 mai dernier. Voter pour moi les 11 et 18 juin prochains, c’est mettre la pression sur le président Macron pour emprunter le chemin de l’espérance – que représente pour moi et d’autres en France et dans le monde – l’ICR ainsi que la levée des sanctions contre la Russie en négociant la vente de lait et de viande.

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